Liturgie de la Parole17e lundi TO-I
« Le grain de moutarde et le levain » Matthieu 13, 31-35
Méditation
Deux toutes petites paraboles sur le Royaume de Dieu.
Parler du Royaume de Dieu, éveille, en général, des images de puissance et d’éclat. Ce n’est pas tout à fait ce que Jésus nous suggère, ici. Il met plutôt, en scène un lien surprenant entre la petitesse initiale et une grandeur inattendue en finale.
Jésus reprend, en fait, une parabole d’Ezéchiel qui parlait d’Israël comme d’un rameau (Ezéchiel ch.17, 22-24). « Je couperai un rameau à la cime d’un grand cèdre, dit le Seigneur, je le planterai moi-même au sommet d’une haute montagne. Il deviendra un cèdre magnifique qu’habiteront des oiseaux installés à l’ombre de sa ramure. »
Jésus transforme un peu ce récit. Ici, il s’agit d’une minuscule graine, qu’il faut jeter en terre, bien sûr. Dans une terre bien travaillée, retournée, évacuée de ses scories, ratissée afin qu’elle devienne fine et meuble. Ce sont les conseils de Jésus, dans sa parabole de la graine tombée dans les différentes terres ? Et la graine, débarrassée de son enveloppe, germe, grandit et devient la plus grande des plantes potagères. … !!!
Toi, Jésus, tu en fais un grand arbre, … Et même un arbre de taille si imposante, que les oiseaux viennent y faire leurs nids pour abriter leurs petits !
Là, tu exagères un peu !!! L’image la plus adéquate, c’est le cèdre … le grand cèdre ! Mais voilà, c’est un récit fictif, n’est-ce pas !
En passant, nous pourrions nous poser la question : Suis-je assez disponible,
moi, assez abandonné, pour que le Seigneur puisse travailler, ma terre,
la purifier, l’affiner afin que sa parole puisse germer en moi ? »
Et puis, j’y pense ! Ces oiseaux … ils auraient pu manger la graine et faire avorter le processus de croissance ! Non ! Au contraire, Jésus nous dit qu’ils vont trouver un abri confortable.
Jésus nous parle donc de l’avenir du Royaume de Dieu. Dans son état actuel, il est d’une petitesse dérisoire, peu visible, par rapport à beaucoup d’autres réalités de ce monde. Cependant, nuit et jour, que nous dormions ou que nous soyons debout, … il grandit ! On ne sait comment !!! Et en finale, c’est en lui que nous pourrons tous, trouver une demeure !
Oui, cette histoire met en valeur un devenir mais … elle ne dit rien de l’agent de cette transformation.
Eh bien ! C’est justement LE SUJET de la parabole du levain dans la pâte que Jésus croque dans une scène de la vie quotidienne, familière.
Du levain enfoui dans trois mesures de farine ! Oh là, 24 kg ! … C’est pour nourrir plus d’une centaine de personnes !
Jésus, tu prends encore un risque, ici ! … Celui de n’être pas compris, de te faire mal voir ! Tu sais très bien que le levain, est considéré négativement dans ton pays ! Car la fermentation est perçue comme la dégradation de la pureté originelle de la pâte ! Les pains purs sont les pains sans levain : les pains azymes. C’est d’ailleurs, uniquement ceux-là que l’on offrait à l’autel et à Dieu !
Il fallait même faire disparaitre le levain avant la Pâque ( Ex. 12-15 ) pour signifier une nouvelle existence, une existence purifiée. ( 1 Cor 5, 7-8 )
Jésus sait transgresser les codes, mais c’est pour nous faire comprendre des réalités essentielles.
Ces deux paraboles sont, en effet, un peu incongrues : le levain dans la pâte n’est pas plus perceptible que la graine semée en terre.
Mais ce que l’on voit c’est leur puissance de transformation. Et le ressort de cette puissance c’est l’amour que Jésus a enfoui dans la pâte humaine : pas seulement dans nos moments de recueillement ou de prière mais aussi dans nos moments de doute et de fragilités et également dans nos moments
Le Royaume de Dieu est donc en continuelle croissance.
La question qui se pose à nous : sommes-nous prêts à y collaborer de tout notre être ?
A travailler pour le Royaume à la manière d’un ferment : celui de l’amour vrai ?
Notre Père
L’homme et donc, nous-mêmes, ne pouvons pas demeurer un témoin passif, dans la croissance du Royaume ! Et nous y enfouir de façon active et efficace.
Sr Anne Françoise le 28 juillet 25